« Aimance. Ce mot, on le trouve rarement, très rarement, dans les dictionnaires, même spécialisés. On dirait qu’il se rend désireux… Peu à peu, au cours des années, ce mot a exercé sur moi un pouvoir extensif. Ses possibilités de notion active et de concept m’ont guidé vers une quête qui ne relève pas que de la littérature, mais se veut une éthique de l’immanence, dans les relations interpersonnelles, ou bien encore dans des lieux de passage et de résistance que vivent les hommes quand ils sont confrontés à la rencontre croisée entre les cultures, entre les pays, entre les sociétés, entre les spiritualités. Bref, la question de l’inter

J’appelle aimance cette autre langue d’amour qui affirme une affinité plus active entre les êtres, qui puisse donner forme à leur désir et à leur affection mutuelle, en son inachèvement même. Je pense qu’une telle affinité peut libérer entre les aimants un certain espace inhibé de leur jouissance. En cela, elle réclame le droit à l’art et à la pensée dans l’univers si complexe et si paradoxal des sentiments. C’est donc un art de vie, telle qu’elle est et telle qu’elle advient…

Encore faut-il pouvoir penser ce lieu où la jouissance nous fait le don d’un nouvel idiome. L’aimance ne se substitue pas à l’amour en tant que mot et fragment du réel, elle le prolonge, si bien qu’elle est à la pointe de ses apories, qui sont souvent incarnées dans la passion et sa mythologie. »

Abdelkébir Khatibi (Poésie de l’Aimance, 2008).

 

« Maria Zaki reprend ici le dialogue avec Abdelkébir Khatibi à propos de l’aimance, cette notion qui couvre à la fois la relation amoureuse et la relation culturelle, dans les variations complexes autour de la liberté humaine et ici tout particulièrement de la femme. »

Extrait de la préface de « Sur les dunes de l’aimance » par Nicole Barrière (2011).

 

« L’aimance, faut-il le dire, n’est pas un vain mot qui lustre et illustre le langage ou un faux-fuyant pour masquer l’impasse de l’altérité amoureuse ; il est véritablement le nom d’un pacte d’exigence impérieuse quant à la qualité de la relation au monde. C’est un pacte renaissant dans les mots mêmes qui le font advenir à travers les divers moments et éléments de la nature, de ce qui nous entoure, de ce qui nous arrive. L’enjeu, on le devine, n’est pas seulement pour Maria Zaki de traduire les formes de l’aimance, ses faits et ses effets, mais de révéler le mouvement de vie qui lui est rattaché. »

Extrait de la préface de « Le chant de l’aimance » par Hassan Wahbi (2018).

 

« In questa preziosa testimonianza poetica di Maria Zaki, una delle voci più suggestive e originali del variegato panorama francofono contemporaneo, possiamo ritrovare condensato un messaggio profondo di speranza e comunione tra gli uomini che affonda le proprie radici in quella dimensione umana e antropologica che Albdelkébir Khatibi definiva aimance… Questa “etica dell’immanenza”, dai risvolti quasi spirituali e sociologici, di cui è impregnata la poesia di Maria Zaki, rimanda non solo ad uno scambio più costruttivo e proficuo con l’Altro, ma anche ad una sorta di “contaminazione” autentica e consapevole con la cultura altra. »


Traduction :

« Dans ce précieux témoignage poétique de Maria Zaki, l'une des voix les plus évocatrices et les plus originales du panorama francophone contemporain, nous pouvons trouver un profond message d'espoir et de communion entre les hommes qui trouve ses racines dans l’aimance, cette dimension humaine et anthropologique définie par Albdelkébir Khatibi… Cette «éthique de l'immanence», aux implications presque spirituelles et sociologiques, dont s'imprègne la poésie de Maria Zaki, renvoie non seulement à un échange plus constructif et plus profitable avec l'Autre, mais aussi à une sorte de «contamination» authentique et consciente avec d'autres cultures. »

Extrait de l'introduction de « Au-delà du mur de sable » par Mario Selvaggio (2018).