« La funambule » le nouveau roman de Maria Zaki vient de paraître aux éditions l'Harmattan


« La funambule » est une fiction qui relate une période de la vie d’une jeune ingénieure marocaine qui vit à Paris depuis ses dix-huit ans. Marquée par la perte soudaine de son travail, Laila a l’impression d’être une funambule constamment entre équilibre et déséquilibre entre deux pays, le Maroc et la France. Cet état la conduit à s’interroger sur le sens de sa vie et à revoir la nature de sa relation avec les autres, particulièrement avec les hommes…

Nous avons posé quelques questions à Maria Zaki au sujet de ce nouveau-né qu’elle vient de dédicacer au Salon du Livre et de la Presse de Genève (25-29 avril 2018).

C’est par la perte de travail du personnage principal que vous amorcez la circonstance d’écriture de ce roman, pouvez-vous nous dire pourquoi ce choix ?

Tout d’abord parce qu’actuellement bon nombre de personnes connaissent le même sort que mon personnage. Puis ce début est pratique car il constitue comme un blanc, une espèce de lumière blanche qu’on peut exploiter en la décomposant en un large spectre de couleurs par le moyen fictionnel.

L’histoire de Laila se déroule entre la France et le Maroc, qu’avez-vous fait pour éviter de tomber dans une comparaison entre ces deux pays, ou pire, dans des clichés ou des préjugés ?

La femme marocaine demeure au cœur de mes préoccupations. Dans ce roman, je décris tout simplement Laila dans son quotidien, dans sa vie intime, ce qui me mène à la suivre dans ses déplacements physiques entre Paris, Marrakech et Tanger, la suivre dans le visible de sa vie pour entrer dans l’invisible de son esprit. Elle vit donc entre deux pays, chacun avec son propre lot de signifiants, aussi se retrouve-t-elle dans une oscillation de signes qui ont des références différentes. Certes le Maroc et la France sont deux pays très distincts, mais liés par une partie de leur histoire, par le métissage entre leurs populations, les influences culturelles, les intérêts communs…, etc. Il s’agit de nombreuses vies humaines qui s’entremêlent en dépit des frontières géographiques et des individus qui prônent la divergence ou l’opposition entre l’Orient et l’Occident.

En réalité, je l’ai imaginée comme une personne en mouvement dans le monde, et ce qui m’importe le plus c’est « la conscience de soi » qui accompagne la recherche de l’équilibre qui occupe Laila et la préoccupe.

Vous dites « comme une personne en mouvement dans le monde », pouvez-vous développer un peu plus ce point ?

En d’autres termes, une personne mouvante qui incarne« la figure de l’étranger », comme aurait dit mon mentor Abdelkébir Khatibi. Comme dans mon roman précédent « La fable du deuxième sexe », la question de l’altérité est très présente, mais en plus, cette fois-ci le personnage principal est un cas concret de « l’étranger ». Il s’agit donc de contingences tangibles mais qui renvoient à la symbolique de l’étranger et à la question plus générale de l’être humain.

Par: Abdellah Hanbali, le 6 mai 2018.