Ô prunelle, t’en souviens-tu ?


Ô prunelle, t’en souviens-tu ?

Quand tu étais perdue

Au-delà du présent

Quand la paupière

Tremblait sur le qui-vive

Et la poussière ricanait

Au tournant des cils


Ô prunelle, t’en souviens-tu ?

Quand tu contemplais

En silence et sans témoin

Les traces de l’éternel

C’était à la frontière

Entre l’invisible et l’entrevu

Le manifeste et le disparu


Ô prunelle, t’en souviens-tu ?

Je sais que tu es fatiguée

De tout ce que tu as vu

À ne plus savoir

De quelles larmes couler

Entre le meilleur et le pire

Ni quelle ligne du coeur

Suivre

Mais le regard demeure

À vivre

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La petite mésange


Malgré les nuages

Rien ne dérange

La petite mésange

Contemplant la minime

Lumière que l’amour

Augmente infiniment


L’oiseau n’a un regard

Ni bon ni mauvais

Mais empli de la terre

Et des cieux


Ses yeux voient

Ce que voit l’aveugle

Au fond de notre cœur

Quand il nous dévisage


Il chante un peu

Pour nous donner

L’exemple

Puis se tait


Il sait qu’il faut

Tout dire

Comme un fou

Ou tout taire

Comme un sage